Partout la difficulté croissante des Managers à « exercer leur autorité »
Cela est observable à tous les niveaux de la société, de la famille jusqu’aux plus hautes fonctions de l’état.
Ce n’est pas, selon nous, parce « qu’il n’y a plus de bons managers », mais parce que la société a profondément changé.
Le contrat traditionnel employeur/salarié à évolué
Le contrat traditionnel du travail était obéissance contre emploi à vie. Ce contrat a évolué.
On peut de moins en moins attendre de l’employeur la sécurité de l’emploi ou la pérennité de notre fonction ; et de moins en moins attendre du salarié l’obéissance, le sentiment d’appartenance ou même une forte mobilisation pour l’entreprise. Et cela tout particulièrement en France !
Voici quelques chiffres éloquents :
Sentiment de fierté vis-à-vis de l’entreprise
% de personnes se déclarant fières de travailler pour leur entreprise
Score le plus faible en France avec 56 %, contre 66% dans les pays de l’OCDE et 84% aux Etats-Unis. (Source : L’International Social Survey Program (ISSP)
Sentiment d’appartenance à l’entreprise
% de personnes se déclarant prêtes à travailler plus pour le succès de leur entreprise.
Score très largement le plus faible avec 23 % en France, contre 60% dans les pays de l’OCDE et 81% aux Etats-Unis. (Source ISSP)
Organisation hiérarchique des entreprises
Indice de la volonté de délégation au sein des entreprises.
Cet indice varie de 1 à 7. Plus il est élevé, plus l’autorité est déléguée vers les subordonnés.
Là encore les scores sont éloquents : 3,8 en France, contre 5 environ dans le reste du monde et 6 dans les pays d’Europe du Nord. (Source Le Global Competitiveness Report (GCR) )
Un management hiérarchique mis à rude épreuve
3 constats rendent quasi impossible le maintien d’un Management hiérarchique dominant :
- Chaque salarié tente aujourd’hui de trouver une optimisation de son rapport à l’employeur et inversement. Quand ce n’est pas une exploitation pure et simple (dans un sens comme dans l’autre). Le lien entreprise/ salarié en France est donc devenu plus « pragmatique ».
- Les Responsables ont de plus en plus à animer des équipes transverses.
- Même avec leur équipe naturelle, ils peuvent de moins en moins user de contraintes ou de sanctions ou espérer une mobilisation liée à l’obéissance, à la fierté ou au sentiment d’appartenance à l’entreprise.
Nécessité de développer le jeu relationnel
Le Manager ne peut s’en sortir que par le dialogue et l’ajustement permanent, autrement dit par le jeu relationnel.
Le Manager a maintenant davantage besoin de savoir dialoguer, de faire preuve de souplesse relationnelle, d’user de sens politique et de comportement créatif.
Les aptitudes au jeu relationnel consistent à être simultanément capable de :
- poursuivre un objectif suffisamment clair;
- évaluer les contraintes et les marges de manœuvre ;
- comprendre les différents contextes et enjeux ;
- intégrer les susceptibilités, les rapports de force, les aptitudes de chacun à coopérer ;
- agir sans pouvoir prévoir a priori les résultats de nos actions.
3 types de jeux nécessaires à l’action collective
Notons que le jeu relationnel n’est pas la seule aptitude au jeu nécessaire à l’action collective. Il existe au moins 3 types de jeux nécessaires à la réussite du Manager :
- le jeu relationnel : souplesse dans les modes de relation à autrui ;
- le jeu stratégique : souplesse dans l’élaboration d’une pensée stratégique ;
- le jeu opérationnel : mélange de persistance et de réactivité dans l’action.
Une fonction managériale devenue plus complexe
Aujourd’hui, la posture du Manager ne peut plus être seulement hiérarchique ; elle devient plus complexe ; 4 postures nous semblent être essentielles dans la fonction du Manager.
- Le Manager-joueur : produit, est présent au niveau opérationnel, stimule l’équipe.
- Le Manager Coach : définit une stratégie opérationnelle, accompagne et motive.
- Le Manager Arbitre : définit, ajuste et fait appliquer les règles.
- Le Manager Visionnaire : définit et fait partager une vision ; lutte pour maintenir ou développer ses ressources. Veille à l’évolution de l’environnement et fait évoluer sa stratégie pour s’y adapter ou la devancer.
Chacun comporte des talents variables pour incarner ces postures. Néanmoins, le réel exige le développement de ces capacités que certains appellent l’intelligence de situation et que nous appelons la capacité à jouer les jeux relationnels, stratégiques et opérationnels.